Génocide des Ouïghours : une catastrophe humaine sans réponse

Ce qui se passe loin de chez nous tend à ne nous toucher que de manière éphémère : le temps de la lecture d’un article, de l’écoute d’un flash au JT, d’une discussion en soirée. Et puis parfois, avec le temps ou grâce à l’élan provoqué par un événement particulier, ce qui n’était que mention, non-événement ou situation négligeable prend de l’ampleur et devient insupportablement visible : on ne peut plus l’ignorer. Je crois que c’est ce qui est en train de se passer en ce qui concerne la situation des Ouïghours en Chine.

Un « génocide » culturel silencieux

Malgré l’inaction des grand.e.s chef.fe.s d’Etat, les langues populaires se délient alors que la situation s’empire. De grandes marques sont pointées du doigt, des vidéos fuitent, des rescapés témoignent. Des hommes et des femmes alignés, yeux bandés et mains liées ; des stérilisations forcées et même des rumeurs de trafics d’organes illégaux… L’horreur de ce qui se passe dans la province du Xinjiang ne peut plus être ignorée. Plusieurs ONG accusent la Chine de divers crimes contre l’humanité : Human Rights Watch dénonce des arrestations injustifiées et l’usage de la torture ; des exilés ouïghours parlent d’ « ethnocide » (soit la « destruction d’une ethnie sur le plan culturel »[1] sans nécessairement porter atteinte à l’intégrité physique des individus) et sont soutenus par l’ONG Genocide Watch qui affirmait en juillet dernier qu’un véritable « génocide » des Ouïghours était en train d’avoir lieu[2]. Malgré les preuves accablantes, quarante-six Etats ont annoncé en juillet soutenir officiellement la Chine, dont une majorité de pays à population largement musulmane, en réponse à une lettre dénonçant la « situation dans le Xinjiang », envoyée à l’ONU et signée par vingt-deux autres pays[3].  Mais aucune mesure n’est concrètement mise en place, et surtout, la règle de la langue de bois est largement appliquée : pas de mention d’ « ethnocide », encore moins de « génocide », fut-il ‘’seulement’’ « culturel ». C’est avec beaucoup de naïveté que je me demande : pourquoi ? Pourquoi rien n’est-il fait ? pourquoi tant de pays de culture musulmane soutiennent-ils une telle répression d’une minorité ethnique également musulmane ? Pourquoi personne ne semble d’accord pour utiliser des termes exacts, précis, afin de dire concrètement ce qui se passe dans le Xinjiang, et de passer à l’action ?

Collage sur un mur à Bordeaux

Qu’est-ce qu’un « génocide » ?

Pour m’aider à comprendre, je me suis renseignée sur le mot de « génocide » en lui-même et les faits historiques qui pourraient correspondre à sa définition. Sur le second point, historique, je fais bien évidemment directement le lien avec la Shoah, le génocide des Juifs et Tziganes (entre autres) perpétré par les Nazis. Et puis, à l’école, j’ai aussi entendu parler d’autres « génocides » : celui des Arméniens ou encore des Tutsis. Mais c’est bien peu, et il est consternant ne serait-ce que d’ouvrir la page Wikipédia recensant tous les « génocides » et « massacres de masse », et de se retrouver face à une liste interminable de noms, de pays et de dates[4]. Atterrée plus qu’éclairée, je finis par ouvrir mon bon vieux Larousse, dont la définition du mot « génocide » ne fait que refléter celle de la « Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide »[5] de l’ONU, premièrement ratifiée en 1948 et reprise dans le Statut de Rome (acte fondateur de la Cour Pénale Internationale), et qui le définit en ces termes : « le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel : a) Meurtre de membres du groupe ; b) atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale des membres du groupe ; c) soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ; d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ; e) Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe ». Ces définitions semblent plutôt me donner raison : peut-être considéré comme un génocide une répression culturelle (« mentale ») et donc pas nécessairement uniquement physique ; mais également une technique organisée visant à « entraver les naissances » – en d’autres termes, exactement ce que semble perpétuer l’Etat chinois sur la minorité ouïghoure en ce moment-même. Pourquoi alors ne pas appeler un chat « un chat » ?

Mémorial de la Shoah à San Francisco, Etats-Unis

Bien entendu, nous devons prendre en compte la difficulté qu’il peut y avoir à accumuler les preuves concrètes, les informations sûres, et en général la vérité vraie sur des faits d’une complexité importante, puisque les génocides sont souvent le fruit d’une histoire socio-politique longue et compliquée. Les débats d’historiens sur le sujet sont vifs et continus. Mais il faut aussi prendre en considération des facteurs juridiques, et surtout politiques. Même lorsque plusieurs pays, voire les tribunaux internationaux de l’ONU, reconnaissent officiellement un acte de génocide, le consensus international n’est quasiment jamais atteint, et les débats continuent. C’est le cas pour la grande majorité des actes de génocide (la Shoah mise à part). Aujourd’hui, il existe encore un débat sur le génocide arménien, qui eut lieu entre 1915 et 1916. Seuls vingt-neuf états reconnaissent officiellement le génocide arménien, et parmi les pays qui le contestent encore, on retrouve notamment le Royaume-Uni, Israël, et bien sûr la Turquie. De même, pas plus tard qu’en 2015, la Russie mettait son veto à un projet de résolution de l’ONU pour reconnaître le massacre de Srebrenica, perpétré en 1995 par des unités serbes contre plus de 8 000 hommes bosniaques, comme un génocide. Il avait déjà fallu attendre six ans pour que plusieurs décisions de tribunaux internationaux ne reconnaissent le massacre comme un génocide (le pire perpétré sur le sol européen depuis la Seconde Guerre Mondiale), avant de rejeter en 2006 la responsabilité de l’Etat serbe – Etat serbe qui n’a présenté ses excuses qu’en 2010, quinze ans après les faits, sans encore toutefois utiliser le terme de « génocide », fait qu’il nie encore.

Mémorial du génocide arménien à Yerevan, Arménie. Photo prise le jour de la commémoration du génocide Arménien en 2014.

Subtilités de langage en politique : génocide, un mot tabou

Pourquoi tant de difficultés, plus qu’à reconnaître les massacres, à les qualifier de « génocides », même une fois ceux-ci-passés, parfois depuis très longtemps ? Les raisons sont toujours politiques : pour la Turquie, reconnaître le génocide arménien, c’est s’exposer à devoir fournir des dommages et intérêts importants aux descendants de victimes et survivants ; c’est remettre en question les valeurs mêmes de son Etat, puisque ses fondateurs auraient été d’actifs participants au génocide.

Finalement, je ne peux m’empêcher de noter qu’on n’accepte – et encore ! – de parler de génocide qu’une fois les faits passés – et donc les victimes, mortes et enterrées. En dehors de la confusion qui peut régner sur le moment, de fortes implications politiques empêchent la parole de se délier et donc l’action de se mettre en place. Ce qui se passe avec la Chine n’est pas sans rappeler d’autres souvenirs, plus anciens mais pas encore suffisamment vieux pour pouvoir jouer la carte de l’oubli. En 1994, au Rwanda, plus de 800 000 Tutsis sont morts, en partie parce qu’on a refusé de parler de « génocide ». Pendant que la France continuait à entretenir des relations diplomatiques avec les dirigeants rwandais (hutus) responsables du génocide[6], Israël vendait des armes au gouvernement hutu[7] ; et le Royaume-Uni et les Etats-Unis s’opposaient à toute intervention militaire au Rwanda. Après leur échec en Somalie, les Etats-Unis ne voulaient plus s’impliquer militairement en Afrique, et ont donc refusé d’employer le terme de génocide, chose qui les auraient obligés, eux et les autres membres des Nations Unies, à intervenir au Rwanda, selon les termes de la « Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide » qu’ils avaient ratifiée. On a donc laissé mourir des centaines de milliers de Tutsis parce qu’affirmer qu’il s’agissait là d’un génocide aurait obligé à une réponse militaire dont les Occidentaux ne voulaient pas.

Photo prise au mémorial du génocide des Tutsis à Kigali, Rwanda.

Les choses s’éclaircissent donc un peu. Dire ouvertement que la Chine est en train de perpétrer un génocide contre les Ouïghours, c’est se mettre à dos la première puissance économique du monde. On a vu à quel point la Chine à elle seule pouvait paralyser le monde entier au début de la crise sanitaire et économique provoquée par la Covid-19 – krach boursiers, blocage de la production… Si l’Occident et l’ONU peuvent encore se permettre de prendre position, ils ne le font que timidement[8]. Comme on peut le lire dans un article de Libération paru il y a déjà un an, « la communauté internationale ne peut plus ignorer les exactions menées sur la population, mais évite le sujet, par crainte de rétorsions économiques »[9]. Plus précisément encore, dire que l’Etat Chinois est en train de perpétrer un génocide sur la minorité Ouïghoure, c’est s’obliger à une intervention militaire contre la Chine. Dans un contexte où l’équilibre de la paix internationale est si fragile, et où le monde entier dépend littéralement pour sa survie de la technologie et du savoir-faire chinois, qu’est-ce que la vie de quelques milliers de musulmans du Xinjiang ?

Je ne peux que constater avec désespoir que l’on reconnaît plus facilement le génocide après qu’il a eu lieu plutôt que pendant. Nous sommes encore loin de pouvoir « prévenir » le crime de génocide, tout au plus sommes-nous capables de porter en justice ceux qui en ont été partiellement responsables après que le mal a été fait. Et l’Etat Chinois a par-dessus le marché l’intelligence de savoir organiser un génocide « moderne », sans sang ni cadavres, planifié sur le long terme, à base de contrôle des naissances et d’assimilation forcée, espérant peut-être pouvoir justifier la disparition entière d’une ethnie par le travail naturel du temps.

J’ai du mal à conclure sur des notes optimistes, alors je laisserai parler Gaël Faye, auteur de Petit Pays[10], livre qui traite en partie (mais là n’est pas son essence) du génocide des Tutsis, en citant un extrait de sa « lettre d’intérieur », adressée à un ami[11] : « Je ne crois pas aux bons côtés du confinement, aux vertus de ces jours désemplis. Cette situation nous confronte surtout à l’échec de nos sociétés, fait apparaître nos fragilités dans une lumière crue. Bien sûr, comme tout le monde je pronostique le jour d’après, mais je crains que les promesses du « plus jamais ça » n’aillent pas plus loin que la prochaine page de publicités. Ce mois d’avril me rappelle que nous venons, toi et moi, d’une histoire qui tire à bout portant. Au printemps 1994, les « plus jamais ça » du XXè siècle ont résonné dans le vide pendant que nos familles disparaissaient de la surface de la terre. C’était il y a vingt-six ans, dans l’indifférence générale. Quelles leçons avons-nous tirées ? […] Tous nos « hélas ! », nos « à quoi bon ? » préparent patiemment les fins du monde. Mais nous pouvons aussi changer le cours de l’histoire si nous arrêtons de douter du bien que l’on peut faire. »

Laura Poiret

[1] CF Larousse en ligne

[2] https://www.genocidewatch.com/single-post/2020/07/15/The-Worlds-Most-Technologically-Sophisticated-Genocide-Is-Happening-in-Xinjiang

[3] https://www.rtl.fr/actu/international/chine-5-questions-sur-les-persecutions-des-ouighours-7800683967

[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9nocide#G%C3%A9nocides_et_massacres_de_masse_dans_l’histoire

[5] Voir le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme : https://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/CrimeOfGenocide.aspx

[6] Encore aujourd’hui, les relations diplomatiques entre le Rwanda et la France sont très tendues et le rôle de cette dernière dans le génocide n’est toujours pas clarifié.

[7] Israël a décidé en 2016 de maintenir scellées les archives de ses ventes d’armes au Rwanda pour « ne pas nuire à sa sécurité » (https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%B4le_de_la_communaut%C3%A9_internationale_dans_le_g%C3%A9nocide_des_Tutsi_au_Rwanda#Les_raisons_de_l’%C3%A9chec)

[8] A l’exception peut-être des Etats-Unis, dans la lignée de la politique étrangère agressive envers la Chine menée par Donald Trump.

[9]  « Ouïghours: aux Xinjiang, un lent et silencieux ‘’génocide culturel’’ », par Laurence Defranoux et Valentin Cebron, 05/09/2019à https://www.liberation.fr/planete/2019/09/05/ouighours-au-xinjiang-un-lent-et-silencieux-genocide-culturel_1749543

[10] … dont l’adaptation en film est sortie au cinéma fin août.

[11] “Je ne crois pas aux bons côtés du confinement, aux vertus de ces jours désemplis », Gaël Faye, « Lettres d’Intérieur », par Augustin Trapenard, France Inter, 28/04/2020 à https://www.franceinter.fr/emissions/lettres-d-interieur/lettres-d-interieur-28-avril-2020

Nüshu: la voix silencieuse des femmes

“Chaque fois que je monte dans le bus qui me conduit de Guilin à Jiangyong, je regarde par la fenêtre et je pense à la puissance du yuánfèn 缘分 (un concept issu de la religion populaire qui incarne la « coïncidence fatidique ») qui m’a amenée à me sentir chez moi dans un lieu si éloigné et inexploré.”

C’est ainsi que commença mon voyage « physique » pour découvrir ce coin du monde qui, sans le savoir, représentait précisément cette pièce du puzzle que je cherchais depuis un certain temps. Jiangyong, et en particulier le village de Puwei, représentait une combinaison parfaite entre mon amour pour la Chine, pour le peuple chinois et pour sa culture millénaire : la sublimation d’idéaux que j’admire depuis des années, mais que j’ai rarement trouvés enfermés dans un seul lieu.

Mon voyage « spirituel » est né dans une salle de classe universitaire, cet endroit que nous considérons souvent comme un conteneur de notions abstraites, et dont nous avons hâte de nous évader  pour donner du concret aux mots des manuels. Et c’est précisément dans ces classes que, grâce aux descriptions de mon professeur, j’ai eu la grande chance de pouvoir commencer à voyager en esprit et de tomber amoureux d’un pays avant même de le visiter. Et c’est précisément à l’intérieur de ces murs que j’ai entendu parler du nüshu 女书 pour la première fois : mon esprit a immédiatement décidé que je devais l’approfondir, l’apprendre, être passionné par lui. Et il en fut ainsi.

“Le Nüshu : l’écriture qui a donné une voix aux femmes” a été une autre grande aventure, qui m’a permis de réfléchir sur de nombreux détails de mes expériences, d’approfondir les particularités de ce phénomène culturel splendide et de prendre conscience de la beauté de tant de lieux et de personnes. L’idée de ce livre est née il y a environ deux ans, quand, à l’été 2018, je me suis retrouvée à parler de nüshu avec le professeur Zhao Liming, dans son étude à l’Université Tsinghua de Pékin : j’ai immédiatement pensé que ces merveilleuses histoires ne pouvaient pas rester uniquement pour moi.

Giulia Falcini a ecrít “Il Nüshu, la scrittura che diede voce alle donne”, CSA Editrice

QU’EST-CE QUE LE NÜSHU?

Nüshu signifie littéralement « écriture féminine » en chinois. Sa prononciation est basée sur le dialecte local des villages situés autour du comté de Jiangyong, dans la province du Hunan, dans le sud de la Chine. Il y a environ 396 caractères féminins, chacun correspondant à une syllabe du dialecte. Contrairement au chinois, ces idéogrammes transcrivent donc des sons et non des significations et correspondent chacun d’eux à de nombreux caractères chinois Par conséquent, il est nécessaire de connaître le contexte pour en comprendre la signification. Il est difficile d’établir une date précise pour la création du Nüshu (qui a probablement eu lieu vers 1700) car cette question fait l’objet d’un débat constant parmi les universitaires. L’écriture féminine est certainement née en réponse à la société patriarcale de l’époque, qui mettait inévitablement les femmes dans une condition de soumission. Un aspect fondamental qui a conduit à la naissance de cette langue est le fait que les filles ne pouvaient pas aller à l’école : pour rester en contact les unes avec les autres, surtout après le mariage, elles ont donc inventé leur propre système de communication. Le Nüshu représentait également un moyen d’échapper à la vie quotidienne écrasante, un monde parallèle dans lequel les femmes se réfugiaient, où elles pouvaient trouver de la compréhension et pouvaient extérioriser leur souffrance. Ce n’est pas un hasard si, selon la légende, le Nüshu a été créé par une fille du village de Jingtian qui avait été choisie comme concubine de l’empereur. La femme n’a pas été bien reçue à la cour et la solitude et la nostalgie de ses proches l’ont amenée à créer une nouvelle écriture, différente de celle des hommes, pour donner libre cours à ses pensées et les communiquer à sa famille.

Le Nüshu est “une langue des femmes et pour les femmes” car c’est à partir d’elles qu’elle a été conçue et mise au monde. Cependant, il est important de souligner que la langue féminine n’a jamais été une écriture secrète, mais c’étaient plutôt les hommes qui ne s’y intéressaient pas, car ils ne donnaient pas de valeur aux créations des femmes.

En fait, si l’on considère les très petits endroits dans lesquels la culture Nüshu est née, a vécu et continue à être transmise, il est impensable de croire que la partie masculine de la société n’ait jamais remarqué ces caractères rhomboïdes qui recouvraient les objets fabriqués par les dames ; il est aussi impossible de croire que les hommes n’avaient jamais entendu les mélodies qui résonnaient dans les ruelles des villages. Les événements historiques et sociaux ont conduit à un grand changement dans l’importance accordée à l’écriture féminine : les hommes ont commencé à s’intéresser au Nüshu, dans dans cette région ils en parlent fièrement comme d’un symbole qui la caractérise et beaucoup d’entre eux sont directement impliqués dans la promotion de ce phénomène. Et ce n’est pas un hasard si aujourd’hui, dans les villages, quand les femmes commencent à chanter, tout le monde s’arrête pour les écouter, y compris les hommes : ils ne le font pas par devoir ou par respect, mais parce qu’ils sont vraiment capturés par ces beaux sons.

Et ce sont précisément les chansons qui agissent comme vecteurs des sentiments féminins les plus intimes, profonds et confidentiels ; ils traitent tous types de thèmes, des moments heureux aux plus décourageants.

LES PERSONNES : LE SOUFFLE VITAL DES TRADITIONS LOCALES

“Les lieux du Nüshu m’ont appris qu’on peut être riche même sans eau courante à la maison et que l’humilité et le bon cœur sont la base de toute grande personne.”

Bien que les caractères représentent l’aspect le plus fascinant de cette culture, ce n’est qu’en visitant et en découvrant les villages autour de Jiangyong qu’on ne peut prendre conscience d’une grande vérité: le Nüshu n’est pas seulement une langue, mais c’est un phénomène culturel. En fait, son existence est étroitement liée à celle des traditions locales, des fêtes populaires et des populations locales.

Dans mon livre, il y a beaucoup de personnages qui ont qui ont vécu et transmis le Nüshu: Chen Xinfeng et Hu Yanyu sont certainement parmi les noms que le lecteur ne pourra pas oublier. Le grand accueil qu’elles me réservent à chaque fois dans leur maison du village de Puwei, m’a permis d’aller au cœur de leur culture et à 360 degrés, de comprendre comment cette culture est perçue aujourd’hui, d’écouter beaucoup d’histoires, d’enregistrer beaucoup de couleurs, de sons et de gestes. Les deux femmes – mère et fille – conservent les traits typiques des femmes qui, il y a plus de trois siècles, ont eu la force de créer un monde parallèle à ce qui les détruisaient. Difficile d’exprimer par des mots la bonté qui les caractérise, mais c’est leur complicité qui frappe le plus ceux qui les observent lorsqu’elles entonnent des chansons Nüshu ou quand, délicatement, elles retracent les idéogrammes symboliques de la résilience féminine.

Un jour, un ami m’a dit que “nous sommes nés dans un lieu, mais au cours de la vie, nous trouvons nos lieux du cœur où nous savons que nous pouvons toujours revenir”. Je crois avoir trouvé le mien, celui qui me manque chaque fois que je n’y suis pas.

Giulia Falcini

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