Le long voyage terra marique qui pousse à la recherche de sa propre identité, les obstacles à surmonter – notamment, le mariage et la dévotion – qui posent face au sentiment de culpabilité et à la nécessité de définition de ses désirs, le but final – notamment, le vrai amour et la réalisation de soi-même – à atteindre, ce sont les éléments qui nous amènent à affirmer le statut d’œuvre d’initiation de Partage de midi, en traçant un parcours qui va d’Eros à Agapé.
Claudel ennoblit son histoire personnelle en l’insérant dans le contexte du romantisme occidental, c’est-à-dire un romantisme qui conçoit l’amour, en allant du désir jusqu’à la mort par passion, comme souffrance féconde. Ysé et Mesa nourrissent leur amour par un désir qui est, au début, à la fois sensuel et narcissique : la beauté physique, la manière de parler, la déception de leurs propres vies et l’envie de représenter une nécessité pour quelqu’un, les poussent progressivement dans les bras l’un de l’autre. Mais la sensation d’avoir comblé leurs vides ne dure pas longtemps : une fois compris qu’ils sont disposés à faire face aux obstacles qui empêchent leur amour – et donc, une fois saisi que ces obstacles ne peuvent plus être considérés comme tels –, il faut qu’ils se séparent.